Zinc : en première ligne de nos défenses immunitaires et bien plus encore

Publié : 27/11/2021

Imaginiez-vous que plus de 200 enzymes dépendaient de lui pour leur fonctionnement ainsi que pas moins de 700 facteurs impliqués dans l’expression des gènes de notre ADN (facteurs de transcription) ?

Le zinc se classe comme le deuxième oligo-élément quantitativement le plus abondant de notre corps, après le Fer. Pas étonnant, il est omniprésent dans la quasi-totalité de nos cellules qui ne peuvent pas s’en passer à de multiples égards...

Un cofacteur multi-fonctions

Explorons ses principaux domaines physiologiques d’intervention :

  • Préservation de l’intégrité et la stabilité des membranes cellulaires et de ses canaux ioniques.
  • Croissance cellulaire : il possède un rôle clé dans les évènements de multiplication cellulaire lors de la reproduction, l’embryogénèse, croissance et maturation cérébrale de l’enfant.
  • Expression de notre capital génétique.
  • Réponses immunitaires et inflammatoires.
  • Modulation endocrinienne : au niveau de l’activité de l’hormone de croissance, des hormones thyroïdiennes et sexuelles, ainsi que l’insuline.
  • Physiologie sensorielle : gustation, olfaction et vision.
  • Trophicité des phanères.
  • Protection anti-oxydante.
  • Fonctions cognitives.
  • Fertilité et reproduction

En 2012, l’agence européenne de l’EFSA a d’ailleurs validé sur la base de la littérature scientifique existante, de nombreuses allégations le concernant portant sur ces fonctions

Des déficits courants chez la grande majorité d’entre nous

Le déficit en zinc est bien plus répandu que ce que les gens pensent.

Seulement 20% de la proportion de la population française atteint effectivement l’apport nutritionnel recommandé (s’élevant pour les adultes à 11 mg pour les hommes, 8mg pour les femmes, 11-13 mg chez les femmes enceintes et allaitantes).

Statistiquement, nous avons donc plus de chance d’être du côté des 80% qui ne franchissent pas ce seuil de dose. De surcroît, des ravitaillements réguliers s’imposent compte tenu de l’incapacité au stockage de cet élément par notre organisme.

Malgré tout, il ne faut pas s’arrêter à la seule considération d’une teneur insuffisante de notre ration alimentaire en cet élément précieux mais également prendre en compte la faible absorption digestive de cet oligo-élément (biodisponibilité pointée en moyenne à 30%). 

Toute perturbation de son homéostasie peut occasionner l’émergence de différents troubles à chaque âge de la vie.

Manquez-vous de zinc ?

Les groupes les plus exposés à des carences dans les pays industrialisés sont les personnes âgées, les personnes suivant des régimes excluant les sources animales (vegans, végétariens) ainsi que les personnes souffrant de pathologies chroniques inflammatoires de l’intestin, VIH ou encore d’hépatites.

Fiez-vous aussi aux signes de carence également qui sont tout autant d’incitations à se supplémenter : ongles cassants, pertes accrues de cheveux, affections cutanées, cicatrisations difficiles. L’affaiblissement des défenses se traduira par des infections à répétitions et une fatigue plus présente. Des troubles de la fertilité ou des pertes de sensation gustative (agueusie) ou olfactive (anosmie) pourront aussi apparaître. Chez l’enfant, la carence peut prendre la forme de retards de croissance.

Focus sur son rôle immuno-modulateur

Le zinc est un régulateur incontournable de notre fonction immunitaire, renforçant notre système anti-infectieux, et modérant les phénomènes d’auto-immunité.

Il joue un rôle d’activation de l’ensemble de nos défenses : les défenses non spécifiques (immunité innée, au travers de nos macrophages, et polynucléaires neutrophiles) et spécifique (immunité acquise médiée par les lymphocytes T et B qu’il contribue de plus à rendre matures).

Défense antibactérienne

Son effet anti-bactérien a été par exemple démontré contre Helicobacter Pylori (impliquée dans les ulcères gastro-duodénaux) ou encore les Shigelloses.

Spectre anti-viral

En clinique, la supplémentation en zinc s’est révélée efficace dans le traitement des diarrhées infantiles ce qui lui vaut la recommandation de l’OMS dans cette indication.  Ses propriétés anti-virales ont été également confirmées cliniquement dans le rhume (avec une diminution de leur durée de -42% et de l’intensité des symptômes), l’hépatite C et le VIH.  D’autres données ont pareillement fait état d’une activité sur le virus de la grippe, de l’herpès et virus de la famille des coronavirus incluant le Covid 19. 

Les investigations «in vitro » ont par ailleurs clarifié ses mécanismes d’action comprenant l’inactivation directe des virus circulants, ainsi que l’inhibition de différentes étapes de la réplication virale bloquant ainsi sa capacité d’extension. 

Réactions auto-immunes

En tant que régulateur de la fonction immunitaire, Il s’avère bénéfique dans certaines pathologies auto-immunes comme le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde,  et les rejets de transplantations.

Inflammation

Ses propriétés anti-inflammatoires sont bien documentées. Sa carence prolongée  est associée à une hyper-réaction inflammatoire telle que l’on la rencontrer dans le Covid 19 (la fameuse tempête cytokinique).

Sources alimentaires

Les sources alimentaires avantageusement pourvues en Zinc sont les huitres, les produits carnés (viandes rouges, volailles), le jaune d’œuf, les noix, les graines germées, l’oignon, le cresson, champignons, brocolis.

Modérez votre consommation de céréales et légumineuses complètes riches en acide phytique (chélateur du zinc), ou bien faites les tremper quelques heures avant cuisson pour en réduire la teneur.

Formes bioassimilables de complémentation : dans quels cas ?

L’un des intérêts de sa supplémentation est de s’assurer d’une absorption digestive optimisée au travers d’une formulation rigoureusement sélectionnée.

Ainsi, le gluconate de zinc, et le bisglycinate de zinc font partie des sels les mieux assimilés. Les formes micro-encapsulées sont également une bonne alternative.

Prévoyez vos prises de compléments alimentaires à distance de certains traitements pouvant altérer l’absorption digestive du zinc : antibiotiques de la famille des tétracyclines ou des fluoroquinolones,  anti-acides à base d’alginates,  biphosphonates dans l’ostéoporose, supplémentations en calcium, fer et cuivre.

Les compléments alimentaires à base de zinc seront à employer en cures régulières (non continues) si vous faites partie d’un groupe à risque de carences  précédemment citées, si vous en présentez déjà les signes ainsi que toutes les indications évoquées, sous suivi médical.

En accompagnement des épisodes infectieux, en particulier des pathologies virales hivernales respiratoires ou intestinales (gastro-entérites) il améliore la symptomatologie et accélère la guérison. En cures préventives dans les périodes à risque, il contribue à la constitution d’une barrière de protection renforcée. 

Dans le cadre particulier de la pandémie du Covid19, au vu de l’ensemble de ses propriétés, sa place est légitime en tant que geste barrière additionnel.

Bibliographie :

Baltaci AK, Mogulkoc R, Baltaci SB. Review: The role of zinc in the endocrine system. Pak J Pharm Sci. 2019;32(1):231-239.

Alqabbani HM et al., Zinc status (intake and level) of healthy elderly individuals in Riyadh and its relationship to physical health and cognitive impairment. Clinical Nutrition Experimental, 2020, 29 : 10-17.

Wessels I, Maywald M, Rink L. Zinc as a Gatekeeper of Immune Function. Nutrients. 2017;9(12):1286. Published 2017 Nov 25. doi:10.3390/nu9121286

Read SA, Obeid S, Ahlenstiel C, Ahlenstiel G. The Role of Zinc in Antiviral Immunity. Adv Nutr. 2019;10(4):696-710.

Hemilä H. Zinc lozenges may shorten the duration of colds: a systematic review. Open Respir Med J. 2011;5:51-58.

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