Échinacée : une marguerite pas comme les autres

Publié : 21/10/2020

A première vue, sa fleur ressemble à s’y méprendre à celle d’une marguerite à la corolle pourpre qui embellit de nombreux jardins pendant la période estivale. Elle sévit aussi à l’état sauvage dans les forêts rocheuses. Echinacea purpurea est une Astéracée dont l’histoire commence sur le continent nord-américain et importée en Europe au début du vingtième siècle.

Il serait bien dommage de la réduire à sa dimension ornementale car elle recèle avant tout une grande valeur médicinale. Son potentiel thérapeutique réside essentiellement dans ses racines que les Amérindiens mâchonnaient dès qu’ils souffraient de fièvres ou de toux.  Elles sont effectivement dotées de composés multiples à l’origine de propriétés immunitaires formidables qui ont adoubé l'Échinacée comme la plante anti-infectieuse de référence.

Parmi ses actifs essentiels immunomodulateurs, on retiendra particulièrement les alkylamides, les arabinogalactanes (sucres complexes), ainsi que des dérivés de l’acide phénolique (dont l’acide cichorique). Une autre variété d’Échinacée, moins utilisée Echinacea angustifolia est pourvue naturellement en plus d’un autre dérivé de l’acide phénolique, l’échinacoside, puissant anti-oxydant et neuroprotecteur, très étudié de nos jours. 

Une plante immunostimulante complète

Elle active simultanément les deux pans de notre système de défense : le non spécifique dit «inné » et le spécifique dit « acquis ».

Les capacités de phagocytose et de cytotoxicité des macrophages et des polynucléaires neutrophiles (alkylamides) déployées dans nos défenses de première ligne sont d’abord renforcées.

Notre système de protection spécifique bénéficie à son tour d’une augmentation du nombre de globules blancs et des synthèses d’immunoglobulines (IgA, IgG, IgM) ainsi que d’une stimulation de ses cellules tueuses « Natural Killers ».

Ces effets s’accompagnent d’une élévation des niveaux de production de différents médiateurs cytokiniques pro- et anti-inflammatoires (Interférons ? et β, TNF-?, Interleukines des voies TH1 et TH2), durant les deux processus physiologiques.

Étendue du spectre anti-infectieux

  • Infections bactériennes

Son action antibactérienne est notamment démontrée sur E.Coli (germe des cystites), Haemophilus influenzae (Méningites), Staphylococcus aureus (le fameux staphylocoque doré dont les infections peuvent s’avérer fatales), Legionella pneumophila (Légionelloses) et Propionibacterium acnes (bactérie de l'acné).

●     Infections virales

Les dérivés de l’acide phénolique semblent jouer un rôle majeur contre les virus. Sur le plan clinique, l’une des études les plus importantes réalisées sur l'Échinacée a mis en évidence en 2016 toute l’efficacité préventive d’un extrait standardisé de celle-çi sur le nombre d’épisodes et sur la sévérité de rhumes.

Son activité antivirale a été confirmée expérimentalement sur le virus herpes simplex de type 1, et la plupart des virus respiratoires : grippe (influenza A et B, H5N1, H1N1), virus respiratoire syncytial, et virus des rhumes (rhinovirus, adénovirus). Une étude récemment publiée conduite sur des cultures cellulaires a objectivé une inactivation de plusieurs coronavirus (HCoV-229E, MERS-CoV, SARS-CoV-1 et le SARS-CoV-2, responsable de la Covid disease).

Dans des pathologies dermatologiques virales telle que les verrues ou les condylomes (papillomavirus), la plante exerce également des effets notables en préventif et curatif, seule ou en association avec les traitements conventionnels.

●     Infections fongiques

Ses propriétés antimycosiques se concentrent sur Candida albicans et certains dermatophytes (Epidermophyton interdigitale du Pied d’athlète) et son action préventive dans les infections urogénitales mycosiques féminines est bien documenté.

Rôle anti-inflammatoire

Associé à son potentiel anti-oxydant, son action anti-inflammatoire se déroule aussi bien au niveau vasculaire que tissulaire et participe à son effet modulateur de l’immunité.

Autre propriété sur l’anxiété

Une diminution significative des scores d’anxiété dans une étude randomisée a été observée à partir de 7 jours de supplémentation.

En pratique, quelles indications ?

Inscrite à la Pharmacopée française (liste A), elle est également reconnue par l’OMS, la Commission E allemande ainsi que l’ESCOP (Coopérative scientifique européenne sur la phytothérapie) pour ses usages traditionnels dans les infections respiratoires supérieures comme les rhumes, les infections urinaires, les troubles cutanés inflammatoires et les cicatrisations difficiles.

En préventif

Pour se prémunir de la survenue des :

  • Infections respiratoires de l’hiver (les « petits maux » de l’hiver)
  • Récidives d’infections de la sphère ORL et bronchopulmonaires, des cystites, des mycoses et surinfections cutanées, et notamment dans les contextes d’immunodépression

En curatif

En complément de la médication conventionnelle dès les premiers signes (phase aigüe) :

  • des infections ORL classiques (angine, pharyngite, sinusites, otites, abcès dentaires) , respiratoires hautes/basses (bronchites, pneumopathies) et infections génito-urinaires (cystites non compliquées, mycoses)
  • des gastro-entérites, de l’acné pustuleuse…

Précautions

  • Il est recommandé de ne pas prendre d’Échinacée sur une période longue supérieure à 8 semaines consécutives afin de ne pas stimuler le système immunitaire de façon prolongée.
  • Prise au long cours déconseillée chez les personnes souffrant de pathologies auto-immunes et durant la grossesse.
  • Surveillance particulière chez les patients à risque hépatique.
  • Cas précis de la Covid-19 : dû au manque de données sur l’effet de l'Échinacée sur l’orage cytokinique, il est préférable de limiter son utilisation à une visée préventive.
  • Contre-indications : chez les personnes allergiques aux Astéracées.

Posologie

Suivre les posologies quotidiennes des fabricants, à raison de 5 jours sur 7, sans dépasser 8 semaines consécutives.

Notre sélection de produits

L'Échinacée est employée seule ou en association dans les spécialités du circuit pharmaceutique, sous différentes formes galéniques prêtes à l’emploi, adaptées à vos préférences.

Pour toute question relative à l’utilisation de compléments alimentaires, demandez conseil à votre pharmacien.

Dr Sylvain Caula, pharmacien et naturopathe, en collaboration avec PUREPARA®

Bibliographie :

Haller J, Krecsak L, Zámbori J. Phytother Res. 2020 Mar;34(3):660-668.

Anheyer D, Medina DN, Cardozo V et al. Adv Integr Med. 2020 Aug 1.

Hou R, Xu T, Li Q, Yang F et al. Int J Biol Macromol. 2020 Apr 15;149:41-50.

Signer J, Jonsdottir HR, Albrich WC et al. Virol J. 2020 Sep 9;17(1):136.

Lorrain E. Grand Manuel de phytothérapie. Dunod.

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